Benjamin Francos
Avocat au Barreau de Toulouse
Art. 175
1 – Quelle est, selon vous, la définition du droit administratif ?
Un droit dérogatoire supposément destiné à assurer la primauté de l’intérêt général tel que perçu par l’Administration.
2 – Selon vous, existe-t-il un « droit administratif d’hier » et un « droit administratif de demain », et dans l’affirmative, comment les distinguer / les définir ?
La technicité et la variété des champs du droit administratif contemporain conduisent à faire le constat d’un « hier » et d’un « aujourd’hui ». Quant à « demain », les stigmates normatifs et contentieux de l’état d’urgence pourraient façonner un droit administratif moins protecteur encore des libertés, comme par accoutumance aux concepts et renoncements que charrie avec lui ce régime d’exception.
3 – Qu’est ce qui fait, selon vous, la singularité du droit administratif français ?
Son existence même ne constitue-t-elle pas une certaine singularité ?
4 – Quelle notion (juridique) en serait le principal moteur (pour ne pas dire le critère) ?
Le recul des solidarités caractérisé notamment par un repli de l’Etat sur ses missions régaliennes me conduit à relativiser l’importance des notions de service public et d’intérêt général en tant que moteurs du droit administratif.
5 – Comment le droit administratif peut-il être mis « à la portée de tout le monde » ?
Le droit administratif est complexe, mouvant, incertain et couvre des domaines très divers.
Espérer le mettre à la portée de tout le monde dans toutes ses subtilités et technicités me semble vain. Les juristes eux-mêmes y parviennent-ils vraiment ?
En revanche, fournir aux non-juristes les clés de compréhension des mécanismes qui régissent le droit administratif et, le cas échéant, approfondir tel ou tel de ses aspects me semble non seulement faisable mais surtout souhaitable si l’on considère qu’une démocratie ne peut être digne de ce nom qu’en présence de citoyen.ne.s qui en comprennent les rouages.
6 – Le droit administratif est-il condamné à être « globalisé » ?
Néant.
7 – Le droit administratif français est–il encore si « prétorien » ?
Néant.
8 – Qui sont (jusqu’à trois propositions) selon vous, les « pères » les plus importants du droit administratif ?
- Certainement le Professeur Léon Duguit ;
9 – Quelles sont (jusqu’à trois propositions) selon vous, les décisions juridictionnelles les plus importantes du droit administratif ?
Les jurisprudences :
- « Nicolo» rendu par le Conseil d’Etat le 20 octobre 1989 ;
- « Commune de Morsang-Sur-Orge » rendu par le Conseil d’Etat le 27 octobre 1995 ;
- Et « Madame Perreux» rendu par le Conseil d’Etat le 30 octobre 2009, présentent à mon sens une importance particulière en droit administratif.
10 – Quelles sont (jusqu’à trois propositions) selon vous les normes (hors jurisprudence) les plus importantes du droit administratif ?
- La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ;
- Le droit communautaire
11 – Si le droit administratif était un animal, quel serait-il ?
Un ver de terre : fondamental mais repoussant.
12 – Si le droit administratif était un livre, quel serait-il ?
Inconnu à cette adresse de Kathrine Kressmann Taylor.
13 – Si le droit administratif était une œuvre d’art, quelle serait-elle ?
Le cri.
Journal du Droit Administratif (JDA), 2017, Dossier 04 : «50 nuances de Droit Administratif» (dir. Touzeil-Divina) ; Art. 175.
Tweet
À propos de l’auteur